jeudi 19 novembre 2009

Gomorrha.

Pleurant sur les histoires d'un crâne tu n'es plus que toi-même et tu t'obstines à être le mal qui grogne en tes veines. Je constatai cela pris ta main et ta vertu. Tu t'écrases devant l'effort comme si soudain une puissance infecte avait fait de toi l'être qu'il ne faut pas. Je t'érigeai en harpie méandres bacchanales aphrodisiaque Sodoma.
Nous crevions tant d'efforts nous crois-moi comme si croyais-tu nous n'avions plus que ça à faire.
Eluder une syllabe revient à faire de toi autrui. Elider ma présence revint à me faire absent. Ecraser les larmes revient à nous souffrir. Evoquer le passé n'eut jamais lieu d'être.
Nous oubliions le reste du monde mais au point l'oublier, qu'en saisir.
Ophélie tu te pris pour et ajoutas le feulement. Antigone je m'emmure je m'ennuie je m'évade. Hippocrate du céleste tu ouvres bouche O en courbette. Adam and Eve Gogo Didi faut-il croire we're so different.
Nous ne pouvions que nous boire. Nous ne pouvions parler. Nous n'avions pas de langue. Nous étions sans poème. Nous n'avions que la chair. Nous étions un chiendent. Nous crevions telle l'osmose. Nous crissions sans le bruit. Nous fondions à venir. Puis un rayon venu nous ne nous savions plus.

dimanche 12 juillet 2009

Fantasmatic.

je rêve qu'on s'attend à l'arrêt de bus tu sais celui planqué entre deux poteaux on aurait eu du mal à l'apercevoir même en appuyant sur le bouton rouge résultat le chauffeur s'énerve c'est drôle soudain on s'arrête là chacun rêve que l'attend l'autre chacun sourit à la vue de l'autre qui consulte sa montre énervé angoissé parce que deux minutes de retard doucement tremblant sous la chaleur qu'on ne veut pas mais qui monte aux joues
je lève les yeux tu souris et soudain rien ne nous sépare plus que nous-même nous marchons ton bras vient chercher le mien je suis touché de voir que rien ne sépare plus nos peaux que le tissu nous passons sous portique tu t'exclames les yeux ouverts à chaque fois tu aimes cet endroit tu ne le dis pas et c'est comme si tout en moi le feu se brise parce que t'entendre aimer ce qui t'entoure alors qu'à la base c'était mon idée rien de plus comme fierté rien de plus
je cède à la pression de ton bras qui s'agenouille sous ma taille on eût dit raconte-moi tu attendais cet instant depuis fort longtemps c'est alors tu étends le bras montre là j'aime nous nous asseyons tombe fleurie personne pas même un banc celles que je préfère c'est les tombes d'enfant dis-je et tu souris de ma cruauté naît probablement ce que tu aimes un instant parmi d'autres mais qui montrerait déjà que nous sommes tous les deux en réel décalage avec le monde vêtus de noir paupières baissées l'angoisse face à tout et la peur de la parole, seul ce qui nous lie est silence
*
Tu me racontes l'air de rien tu aimes les endroits où les jeunes gens s'isolent pour bâcler leur latin à l'abri de regards. Je te réponds qu'effectivement j'ai moi aussi bâclé mon latin ici tu ris. Tu n'as fait que me suivre durant ces années, avoue tu vois les fantômes de ce que nous étions. J'acquiesce en te répondant rire aux éclats mais ce n'est jamais que ton fantôme ton spectre que je souhaiterais bien concevoir mais consacrer ma vie pupilles dilatées à voir les morts d'aujourd'hui non merci, je préfère l'hémoglobine encore close.
*
L'instant vient où il n'y a plus rien en dehors du silence.
Où la symbiose s'habitue à être sans cesser.
Alors tes yeux se posent dans les miens, je frissonne.
Comment pourrais-je oser dire que je n'ai soudain pas pensé que si on nous voyait si nous nous voyions. Le parjure et l'esclave. Le même et l'identique. Non nous ne sommes définitivement que perdus. Rien n'est plus fort que de se perdre. Ne pas se rendre compte des réflexes du corps.
Je m'éveille dans le bus et je songe la clope désormais eût eu goût de toi. Je souris. J'aperçois. Plus tard. Collègue, promo. Personne. Personne. [ ].

lundi 29 juin 2009

Incipit.

Le train file. Portishead s'égrène en lambeaux. Instances fugitives. Larmes rêches en décomposition, les vitres teintes brumeuses. Le train file et nous sommes loins, déjà si loins. Comme un dernier moment au creux de la main, nous l'aurions attrapé pour le libérer sous la forme d'un baiser. Déjà les vitres nous avaient séparés, tu avais détourné le regard et tu étais parti. Maintenant le train file et je songe à t'écrire. Il est encore trop tôt, mais je songe à t'écrire. Je sais que ce que je songe à écrire sera vide et fade et conditionnel mais ce n'est pas un choix : si je ne le fais pas, tout ce qui nous reliait [CLOPES ECHANGEES DOULEUR D'ATTENDRE RIRES ET CHUCHOTEMENTS ET TOUT CE QUI N'A PAS ENCORE LIEU D'ETRE ICI, TAIS-TOI TAIS-TOI] va s'évanouir et c'est moi que le vide va atteindre. Alors j'allume l'ordinateur, j'attends un peu il rame, ce qui m'oblige à reluquer par la fenêtre emotional landscapes et paysages lacunaires et saynètes éphémères et à m'alerter sur la prescience prégnance du vide. Windows open and I fall. Les doigts courent, cliquetis dignes des fonds brumeux et horroresques de l'imaginaire Eths. Je songe à t'écrire sachant que tu ne me liras pas. Je rappelle nos serments cachés, l'infaillible devoir de ne rien montrer, la douce insomnie des espoirs malhabiles maladifs. Le couperet sous la chair ça s'infiltre et ça gratte et ça reste marquant. Vois-tu. Sens-tu. Distingues-tu. Je songe à t'écrire toi qui déjà t'éloignes, toi qui déjà composes le numéro de l'Autre et souffles soucieux d'espoir de crainte et de libération. Je songe à t'écrire comme le dernier souffle que j'ai à divulguer et qui ne fera jamais que se perdre encore. Les instants sont frappants fer rouge monocorde. La corde chancelle et se balance le corps s'ébruite et fond sous la dislocation, le regard s'éteint et l'âme vogue.

Vois-tu nos souffrances. Vois-tu toi aussi ta peau qui se morcelle. Vois-tu les murmures d'autrui qui ne sont que l'autre langage des nôtres. Vois-tu mes yeux déjà brumeux qui songent à effacer les souvenirs. Vois-tu mon regard qui se perd en lignes maladroites. Vois-tu les doigts qui tremblent et les oreilles qui fondent. Vois-tu que je n'entends guère tes mots. Vois-tu qu'au fond du corps l'écharde siffle et répand la chaleur. Vois-tu qu'après ton départ je peine à me persuader que c'est déjà fini.

Fin et commencement s'entremêlent et forment la boucle où restent des lambeaux de nous. Des lambeaux que nous sommes seuls coupables d'avoir arrachés mordus déchiquetés gobés, persuadés de posséder encore un temps infini. Or nos souffles s'entremêlaient sous l'averse fétide de nicotine expulsée. Nos mains se joignaient au travers de l'air empesté. Nos yeux se voilaient aux contours flous des Horizons. Mon perchoir : tu présentais de la main, voix grave sourire léger, toujours affublé d'une Marlboro 100's. Visage élégant, paupières absentes, le regard absorbé vers ce qui restait l'inconnu. Tu ne parlais qu'à peine et les rares mots qui naissaient avaient le goût du [PRODIGIEUSEMENT ININTERESSANT].
[OU VEUX-TU EN VENIR]
Quelles sont les instances paranoïdes et instables qui m'ont poussé à l'individualiser plus qu'à son tour esclave et barbare bien malgré lui, toujours dans un silence sans enrobage ni fond, bonbon amer que pourtant je continuais à suçoter tout en sachant très bien le poison distillé sous l'embellie fumiste et les rythmes entrechoqués. [CE NE SONT ICI QUE FIGURES DE HASARD, MANIERES DE TRACES, FUYANTES LIGNES DE VIE, FAUX REFLETS ET SIGNES DOUT EUX QUE LA LANGUE EN QUETE D'UN FOYER A INSCRITS COMME PAR FRAUDE ET DU DEHORS SANS EN FAIRE LA PREUVE NI EN CREUSER LE FOND, TAILLANT DANS LE CORPS OBSCURCI DE LA MEMOIRE LA PART LA PLUS ELEMENTAIRE - COULEURS, ODEURS, RUMEURS -, TOUT CE QUI RESPIRE A CIEL OUVERT DANS LA VERITE D'UNE FABLE ET REDOUTE LES PROFONDEURS.] Je sais. Rien n'est sacré que ce qui ne dure pas. Amour les gens littérature poésie sonore. Moindres instances d'écrit que tu retiens en toi, tels tes yeux blessés à l'intérieur mais l'ignorance rêgne à jamais maîtresse de toi et moi.

Le frisson à l'entrejambe impalpable à la première vision. Seule la gorge serrée dans un silence général. L'émerveillement sous-jacent promesse Cioran les reliures intérieures. Autour de moi ça jasait. Je me tus. Rien n'avait l'avantage que nous ne nous connaissions pas et je pouvais tout imaginer, même le plus faux paraissait abordable.
Nos regards entremêlés ne furent au départ que celui des aveugles à tatonner dans l'obscurité. Comme si soudain la faille faisait que le peu de lumière existant à l'immuable s'était projeté au creux de nous nous rendant infinis dans un espace qui n'y était pas promis. A peine nos regards croisés déjà chantonnait la promesse de ton visage entre mes mains. Mais avant tout vaincre l'espace. Clarifier la distance jusqu'à la rendre insoupçonnable. Déchiffrer les us, s'approprier les gestes. Faire des yeux l'espace à lire.
Dans l'instant où nos regards se croisent je ne sais rien. Je n'ai pas même la conscience de l'immuable fuite vers le néant, douceâtre évidence. La vie n'existe pas un état second nous chantonnons tournons mais nos rêves sont semblables. Rien n'est vrai que ce qui s'impose. On appelle ça la mort, moi je préfère le nom de Néant. On dit que l'Amour peut contrer le Néant. Où est le soulagement alors quand l'Amour et sa Souffrance n'ont été bâtis que sur ce qui avait déjà toutes les évidences du Néant, ne promettait que le Néant.

Rien de plus infernal que d'apprendre et comprendre que nous ne ferons jamais que tisser du Néant. Que toute notre vie se passera à regretter ce qui n'aura pas été. Voilà pourquoi il est inutile de t'écrire. Alors je ferme le fichier, I fuck windows to not save anything and I cry. Non je ne pleure pas. Je jette mon regard au-delà des fenêtres, je sais que tu sens déjà ses bras, je te déteste et il n'y a rien d'autre à dire. La gorge se noue et le corps relâche la réalité. Vaine tentative d'éradication de la souffrance puisque la souffrance est ce qui maintient hors du Néant, Mishima l'a dit alors c'est sans doute vrai.